Notre arrivée au Japon fut un peu stressante... on a pris nos billets pour Tokyo en dernière minute et pour pouvoir voyager à moindre coût dans le pays du soleil levant, il faut absolument détenir le Japan Rail pass (abonnement de train réservé aux étrangers qui ne s'obtient qu'en dehors du Japon). On a pris le risque de les commander depuis la nouvelle Calédonie, une semaine avant le départ... et évidemment les fameux pass sont arrivés un jour trop tard (ouai c'est dommage, à un jour près on était bon!) et qu'en attendant de les recevoir, on est resté bloqué à Tokyo pendant une semaine. En sachant que le pass en question est valide trois semaines et qu'il coûte presque 400 euros par personne... C'est quand même légèrement ennuyant. Bref, notre rencontre avec Tokyo n'a pas été de tout repos, chaque jour on passait plusieurs heures dans les bureaux de poste pour savoir où étaient nos JR pass. Et puis il faut dire aussi qu'on a quitté le paradis d'Ouvéa (je vous rappelle qu'on était tranquille, en plein milieu du Pacifique et qu'on nageait avec des raies et des requins tous les matins) pour atterrir dans une jungle urbaine gigantesque et bruyante au temps maussade... le choc fut brutal. Voilà pourquoi, nous n'avons pas eu le coup de coeur pour la capitale nippone et que nous avions hâte de prendre de la distance avec cette fatiguante fourmilière qu'est Tokyo.

En attendant que le graal arrive, on a fait une excursion d'une journée à Kamakura. Cette ville côtière se situe à 1h à peine en train de Tokyo et regorge de pépites culturelles. On a adoré le temple de Hase Dera, son histoire, ses jolis jardins et sa statue de Kannon. On est aussi allés voir le daibutsu en bronze au temple Kotoku-ji. Cette statue de Buddha haute de 13 mètres est le symbole de la ville. Et nous n'avons pas manqué de nous rendre au sanctuaire de Zeniarai Benten, qui a la particularité d'avoir une source d'eau magique. La légende raconte que cette source naturelle aurait le pouvoir de multiplier l'argent. Du coup on a baigné les pièces, les billets et même les cartes bancaires... Sait-on jamais!

Une fois les JR pass en poche on a filé en direction d'Hakone. Le mont Fuji j'en rêvais et c'est depuis les rives du lac Ashi que l'on est censé avoir une vue sensationnelle du volcan. Comme vous le constatez sur la photo ci-dessous, la star des lieux était complètement invisible lors de notre passage dans la région (je vous ai fait un joli gribouillage pour que vous puissiez voir où il se cache). On est quand même monté dans le funiculaire pour aller goûter les œufs durs cuits dans une eau riche en souffre, ce qui leur donne cette couleur noire aux reflets dorés. Le goût des œufs en question n'a rien d'exceptionnel mais, le visuel est plutôt cool. Depuis la cabine on aperçoit un champs de fumerole sur une terre aux couleurs vives. L'atmosphere qui se dégage du lieu est étrange et l'odeur de souffre y est omniprésente. Finalement, ce qu'on a préféré à Hakone c'est son très beau musée à ciel ouvert qui présente une centaine de suclptures en plein air.

On a quitté Hakone pour se rendre au coeur des alpes japonaises dans la charmante ville de Takayama. Le quartier historique de Sanmachi-Suji est superbe. Ses maisons traditionnelles en bois sombre sont extrêmement bien préservées. La région est aussi connue pour ses nombreux onsens. Les Japonais raffolent de ses sources d'eaux chaudes volcaniques aux vertus thérapeutiques. Elles font partie intégrantes de leur culture depuis des millénaires. Ce fut l'occasion pour nous d'en faire l'expérience fabuleuse pour la toute première fois. La particularité des lieux c'est que la nudité est de rigueur et les hommes et les femmes se baignent séparément. Passé les premiers instants de gênes, (être nus en public et en extérieur c'est plutôt intimidant et inhabituel pour nous autres Occidentaux) l'esprit et le corps s'apaisent complètement pour laisser place à un moment de zenitude absolue.

L'étape suivante fut la ville de Kyoto où nous sommes partis à la découverte du temple le plus connu du Japon: le pavillon d'or. Le kinkaku-ji, dont les façades sont recouvertes de feuilles d'or, semble délicatement flotter sur l'eau. Deux points négatifs cependant, il n'est pas possible de visiter l'intérieur du temple et l'endroit est très prisé. Il faut savoir jouer des coudes pour prendre la même photo que tout le monde, ceci dit ça reste un incontournable. L'autre incontournable de l'ancienne capitale, qui faisait partie de mes rêveries nippones depuis un long moment, est le Fushimi Inari Taisha. Une randonnée dans ce sanctuaire shintoïste permet de se balader sous ses 10000 torii couleur vermillon. Ici aussi, une foule de monde est présente mais plus on gravit les marches de cette montagne sacrée, moins on croise de touristes. On est alors immergés dans la forêt avec ses temples, ses autels, ses statuettes, ses milliers de portes sacrées... c'est à la fois très poétique et mystique.

Nous nous sommes ensuite rendus dans la ville verdoyante de Nara. Reconnue pour son riche patrimoine historique, la ville se caractérise par ses daims qui se promènent en toute liberté. Un peu comme les vaches en Inde, les daims de Nara sont vénérés et considérés comme sacrés. Notre endroit préféré est le sanctuaire Kasuga Taisha. Le sentier qui mène au temple est bordé de centaines de lanternes en pierre, recouvertes de mousses et de lichen, ce qui confère aux lieux une atmosphère toute particulière.

Notre véritable coup de coeur de ce voyage au Japon, nous l'avons eu pour les îles bucoliques de Naoshima et Teshima. La seconde était tristement connue dans les années 80 pour ses centaines de milliers de tonnes de déchets toxiques déversés de manière tout à fait illégales. Ces îles ont été rachetées par le milliardaire Tetsuhiko Fukutake qui les a transformées en ville musées dédiées à l'art contemporain. Ma préférence va à Teshima qui est plus sauvage et moins touristique. Nous avons parcouru cette dernière en vélo électrique à travers ses magnifiques rizières en terrasse. Et puis, je suis tombée en amour pour le Teshima art museum, qui est plus une œuvre d'art qu'un musée. Cette goutte d'eau en béton est une prouesse architecturale pensée par l'artiste Rei Naito et réalisée par Ryue Nishizawa. Ce lieu singulier offre une expérience émotionnelle magnifique qui m'est impossible à décrire.

Pour notre dernière étape dans l'archipel, nous sommes allés visiter la ville de Nikko réputée pour sa nature environnante et ses temples majestueux. Le plus connu de tous est le Toshogu qui se démarque par ses ornements très chargés et colorés. On a eu beaucoup de chance lors de notre visite, car on a pu assister au début du momijigari, la période de la chasse aux feuilles rouges. La contemplation des couleurs d'automne est particulièrement appréciée des Japonais, pour eux le momijigari est une vieille tradition populaire qui célèbre le beau et l'éphémère. Une belle excuse pour se pâmer un plus devant dame nature.

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